Tour de chant

Stéphane Olry et Jean-Christophe Marti écrivent des chansons. Le premier propose des drôles de textes : portraits imaginaires ou fantasmés, confidences oniriques, mondes interlopes, improbables prosopopées. Le second s’empare de ces matériaux poétiques et le transmute en ce qu’il appelle des "songs".

Ils ont cherché des interprètes à qui confier leurs drôles de productions musicales non identifiées. Avec Christine Bertocchi dans le rôle de l’oiseau nocturne au chant halluciné et Lucie Taffin, qui a plus d’un tour dans son sac, de la fausse grande fille toute simple à l’accordéon, ils ont trouvé la formule magique pour cristalliser leurs productions en ce qu’ils appellent un Tour de chant.

Malgré l’économie légère du dispositif, il ne s’agira pas d’une succession de « chansons » au sens usuel de ce mot dans le domaine des musiques actuelles, du cabaret ou des chansons à textes. D’une part, il s’inscrit dans la continuité du travail musical pour les voix du compositeur Jean-Christophe Marti, d’autre part, ce travail sera mené avec et pour deux artistes qui œuvrent à l’expérimentation, à l’invention et à la recherche sonore et formelle ; enfin, le matériau poétique n’est en rien calqué sur des formes préétablies. En effet, les formes changeantes et dissymétriques posent des défis renouvelés au compositeur, tout comme sa poétique, tout aussi singulière.

Jean-Christophe Marti emploie le terme de « songs », en référence surtout à la modernité américaine, celle par exemple de Charles Ives, de John Cage et de Julius Eastman. Il y trouve la possibilité d’associer un travail raffiné, de recherches, avec des références populaires ou traditionnelles, travaillées dans un creuset original et subjectif. Les songs auxquelles il fait référence ici possèdent cette hybridité et cette liberté esthétique qui me motivent particulièrement. Il y a dans son écriture polyphonique une recherche de dispositifs harmoniques dynamiques qui rompent avec l’assignation binaire tonale/atonale.

Coproduit par la Revue Éclair.